Racisme d'Etat

Avec nous ou rien!

Nous, Noirs, Arabes, Rroms,musulmans, issus de l’immigration postcoloniale et des quartiers populaires,sommes les cibles prioritaires d’un racisme structurel qui, depuis plusieurs décennies, poursuit sa marche funeste en se déployant à tous les niveaux de la société. 35 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, et 13 ans après la grande révolte des banlieues, le constat est sans appel : Nous sommes de plus en plus exposées aux violences et aux crimes policiers, aux discriminations systémiques, aux humiliations et à une précarisation généralisée. À l’origine du traitement différencié réservé à nous « Français de seconde zone » se développe et s’affirme un véritable « racisme d’État » qui s’exprime sous diverses formes et vise particulièrement trois catégories de personnes :

 

➢     Les musulmans : De l’exclusion des femmes voilées au matraquage médiatique qui diffuse et banalise une idéologie islamophobe, l’islamophobie traverse l’ensemble du champ politique français. Un véritable arsenal de guerre intérieure – état d’urgence,des milliers de perquisitions dans les familles, les commerces, les associations et les lieux de culte musulmans, des centaines d’assignations à résidence… – s’est déployé à des fins d’intimidation de la communauté musulmane et des organisations qui travaillent à la défense de ses intérêts. À l’instar de Maryam Pougetoux, présidente de l’UNEF, qui aura payé les frais d’une campagne ouvertement islamophobe en raison de son port du voile, des milliers de femmes voilées sont victimes de discriminations à l’emploi, et sont exposées à des agressions physiques et morales de plus en plus courantes.

 

➢     Les Noirs : La négrophobie participe à l’échelle nationale et internationale d’une négation des droits les plus fondamentaux des Africains et des populations afro-descendantes dont la mémoire liée à l’esclavage négrier occidentalo-chrétien et à la colonisation esclavagiste, continue d’être occultée et méprisée par les instances occidentales. En France, les Noirs sont, de fait, les plus exposés aux crimes policiers, au contrôle au faciès, aux discriminations racistes à l’emploi et au logement… Lamine Dieng, Amadou Koumé, Adama Traoré, Théo Luhaka, Gaye Camara et Naomie Musenga, jeune mère de famille de 22 ans, morte chez elle après avoir été raillée par des opératrices du Samu, sont les victimes parmi tant d’autres de cette négrophobie structurelle.

 

➢     Les Rroms : La rromophobie et l’antitziganisme, visage du racisme d’État, se sont constitués historiquement par projection dans le territoire métropolitain des méthodes d'administration racistes des populations colonisées. Au-delà d’une montée des discours et des représentations rromophobes dans les discours publics, la « chasse aux Rroms », organisée par l’État, prend la forme d’une politique particulièrement agressive de démantèlements successifs de leur lieu d’habitation. Celui du Samaritain à la Courneuve en 2015, plus vieux bidonville de France, où vivaient des centaines de familles rroms, est l’une des plus tragiques expressions de la rromophobie d’État.

 

Ainsi, à l’heure où celles et ceux qui combattent ce système raciste sont stigmatisés, calomniés et persécutés sous le label « islamo-gauchistes », où l’identitarisme bat son plein à l’échelle mondiale, où de nouvelles contestations de l’hégémonie occidentale se font entendre à travers le monde, il est temps d’imposer un nouveau rapport de force en posant les jalons d’une initiative qui fait le plein des revendications historiques de l’immigration et des quartiers populaires tout en dessinant la perspective stratégique d’un cadre d’alliances entre l’antiracisme politique et le mouvement social, stabilisé à partir d’une colonne vertébrale claire : la lutte contre le racisme structurel et ses diverses formes.

 

Nous, héritiers des luttes de l’immigration et des quartiers populaires – depuis les Marches pour l’Égalité (années 1980) jusqu’aux Marches de la Dignité et de la Solidarité (2015/2018) en passant par les Marches des Noirs qui réclament réparation ou qui honorent la mémoire des victimes de l’esclavage (1998), ou par les mobilisations pour Gaza (2014), réfutons en bloc toutes les stratégies de tensions opposant Français « gaulois » et Français de seconde zone, « immigrés » et réfugiés, musulmans et non musulmans, militants et société civile et appelons l’ensemble de celles et ceux qui se reconnaissent dans ce « Nous politique » antiraciste à disparaître de l’espace public la journée du 30 novembre pour mieux réapparaître le 1er décembre en une vaste et historique offensive antiraciste.