Nous, travailleurs, chômeurs,retraités, sommes comme l’ensemble de notre camp social, attaqués de plein fouet par les politiques néolibérales qui s’enchaînent et qui telles un bulldozer avec Macron aux manettes détruisent un par un nos acquis.
Mais en plus, parce que nous sommes aussi immigrés ou héritiers de l’immigration, nous subissons des discriminations : à l’embauche, dans les statuts de nos contrats, dans les postes occupés, dans le déroulement de carrière, dans le droit à la formation et au final des discriminations au moment du départ à la retraite. S’ajoutent à ce traitement inégal, les discriminations faites à l’endroit des femmes qui occupent la place des derniers de cordée au nom de leur genre et de leur origine ethnique.
Plafonds de verre, et planchers pourris : toutes les enquêtes le montrent, entre nous et le reste de la population, l’écart des taux de chômage est de 20 points, le taux de contrats précaires est deux fois plus important pour nous, les écarts de salaire entre les hommes sont de l’ordre de 13% et de 8% entre les femmes. Quatre employeurs sur cinq préfèrent embaucher un candidat dont le nom sonne bien français plutôt qu’un candidat d’origine maghrébine ou noire africaine, selon le Bureau International du Travail et le ministère du Travail. D'autres études montrent que la discrimination des musulmans à l’emploi en France est plus importante que celle qui a cours aux Etats Unis à l’égard des Noirs.
Nous avons toujours été de celles et ceux qui vivent le plus durement les attaques du Capital à cause des discriminations au travail, à l’image des travailleurs de ONET, de Holiday Inn ou encore des intérimaires de Roissy. Mais ce n’est pas nouveau, et cela ne concerne pas que les entreprises privées. Nos anciens les chibanis ont porté jusqu’à leur victoire et à bout de bras le procès contre la SNCF. Ces Marocains retraités du chemin de fer que la SNCF est venue chercher afin de construire et d’entretenir le réseau ferré français, ils ont subi de multiples discriminations durant toute leur carrière impactant le calcul de leur pension de retraite. Et que dire du reste de la fonction publique, des hôpitaux à l’Education Nationale qui précarise des salariés parce que non-Français.
Nos vies sur une échelle : La loi Travail et les ordonnances XXL viennent encore renforcer la possibilité pour tous les patrons de précariser, réprimer et licencier les salariés. Les entreprises de sous-traitance, du bâtiment, de gardiennage, de la restauration, de nettoyage, de la distribution ont sauté sur l’occasion pour précariser davantage et esclavagiser une main d’œuvre immigrée qui souffre déjà des bas salaires et des contrats précaires. Le patronat ne fait de cadeau à personne. Mais lorsqu’il attaque, ce sont les travailleurs les plus fragiles qui tombent les premiers. Voilà pourquoi 2018 a montré la force de la mobilisation et la détermination des secteurs qui concentrent des salariés immigrés, ou sans- papiers, avec des grèves atteignant parfois 113 jours pour arracher une victoire. Des EPAHD à Carrefour, de ONET/ SNCF à Holiday Inn Clichy, de La Poste à la SNCF et à PSA, on était là ! La gueule du 1er Mai c’était aussi nos gueules de travailleurs racisés.
Pas de cordée mais une chaine de solidarités : Nous, salariés,syndicalistes, syndiqués ou pas, exploités et discriminés au regard de notre origine, de notre religion, alertons tout le monde du Travail sur la stratégie des gouvernants à nous montrer du doigt comme responsables des désordres du Monde. Ils pensent ainsi mieux faire passer leurs attaques néolibérales. Hier la Loi Travail, puis la réforme du ferroviaire, demain les retraites, ils avancent jusqu’à écraser le moindre de nos acquis sociaux. Nous savons tous que ces attaques vont aller en se multipliant si nous ne faisons pas front commun pour les dénoncer. Nous devons articuler nos combats comme ils articulent en haut lieu leurs attaques. Exigeons la répartition des richesses, de meilleures conditions de travail et évidemment l’égalité de traitement. Nous vous appelons à ne pas se tromper d’ennemi et il est temps que l’ensemble des organisations syndicales, des Unions Locales aux Confédérations, soutiennent notre lutte contre les discriminations racistes au travail.
Le 30 novembre 2018, contre le racisme et les inégalités sociales, on disparaît de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des lieux de consommation.
Et le 1er décembre,on réapparaît sur toutes les grandes places des villes, pour exiger Egalité et Dignité pour tous et toutes.